Yan LARHANTEC, sculpteur breton, 1829-1913
Né d'un père tantôt agriculteur tantôt maçon, il sera lui-même maçon à ses débuts. En 1855, il est qualifié de "piqueur de pierre ". Le Recteur de sa paroisse, Plougonven, décernant certainement chez Yan LARHANTEC les germes d'une vocation artistique, l'encourage à sculpter et lui commande, à partir de 1855, plusieurs autels pour l’église en cours de restauration.
Il sculpte ensuite une croix pour la paroisse de La Feuillée, restaure un premier calvaire à Guiclan.
Installation à Morlaix
Sa renommée s’installant, il ouvre son propre atelier de sculpture à quelques kilomètres de sa ville natale, à Morlaix où il s’associe à son frère Jean Yves, sculpteur comme lui. Soucieux de s’améliorer il y prend quelques cours de dessin, les premiers et les derniers de sa longue existence. Cet épisode morlaisien fut pour l’atelier de Yan Larhantec une période fort productive. Gaëlle Peger, dans son mémoire de maîtrise réalisée en 1989, recense entre 1865 et 1875 une soixantaine d’œuvres.
Installation à Landerneau
Alors qu’il est devenu l’artiste le plus demandé de son époque, il quitte son atelier morlaisien pour s’installer à Landerneau d’abord place Saint-Houardon, l’actuelle place Saint-Julien ; puis rue de l’Evêque (aujourd’hui rue de Brest). Landerneau, du fait de son port, représente un gros avantage car elle est le point de débarquement des pierres de Kersanton.
Il y vit avec sa femme, Alexandrine Omnès, son père, ses frère et sœur et d’autres membres de sa famille : la « tribu » Larhantec.
Si le démarrage de l’atelier se révèle au départ relativement lent, les commandes étant moins importantes qu’à Morlaix, il prospère pour devenir un grand chantier : en 1890, 26 ouvriers entourent le sculpteur. Son atelier est d’ailleurs le plus florissant du Finistère, dans sa catégorie, dans la seconde moitié du 19esiècle. Sur 50 ans de carrière, il aura une production extrêmement abondante : sur les 583 croix du 19esiècle recensés par l’Abbé Castel dans l’Atlas des croix et calvaires du Finistère, 126 sont dues à Yan Larhantec. L’œuvre du sculpteur a d’ailleurs, fait l’unanimité parmi ses contemporains et innombrables sont les références à la beauté des œuvres de Larhantec.
Ce sont les fabriques, les gestionnaires des biens de l’église, qui sont les principaux commanditaires de l’atelier Larhantec : il érige ainsi un calvaire à Saint-Thégonnec, à Plouguerneau, à l’Ile de Sein, Guipavas. Le Léon lui doit toute une floraison de croix. L’église Saint-Thomas de Landerneau possède une croix en granit kersanton réalisé en 1883. Beaucoup de ces croix ont été commandées lors des missions, l’érection d’une croix étant la manière habituelle de conclure une mission comme en a connu le 19esiècle.
Yan Larhantec est également un maître tombier. En 1906, il n’est plus que marbrier et a abandonné la réalisation de statues et calvaires. Les cimetières de Ploudaniel, Landerneau, Rennes, Landivisiau, Pencran ou Plouvorn renferment toujours des tombes de Larhantec.
Ce grand sculpteur meurt pauvre, hanté par le problème du mouvement perpétuel : le rêve de toute sa vie était en effet de créer une machine à scier les pierres. Toute son énergie sera consacrée à la réalisation de cette machine infernale, combinaison de leviers, déclics et ressorts destinée à améliorer la vie de ses ouvriers, mais qui resta à l’état de chimère.