Généralités

Une cité des morts et des vivants

 

 

 

 

 

Sous l’Ancien Régime, on enterre en général en Bretagne dans l’église mais les choses changent à l’approche de la Révolution et c’est entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle que naissent nos actuels cimetières, d’abord autour des églises puis à partir de 1804, ils deviennent des espaces clos et séparés des espaces urbains. Comme c’est le cas à Landerneau, un mur de clôture protège les sépultures des intrus, hommes ou animaux. À l’intérieur, à l’image d’une ville en miniature, un plan taillé au cordeau permet de lotir les lieux d’inhumation. Quant aux sépultures, elles traduisent la diversité sociale : les plus pauvres sont inhumés dans une fosse commune ou en un lieu signalé fugacement par une simple croix de bois (il en existe dans le cimetière Saint-Jean) ou une plaque nominative, les tombes et les caveaux abritent individus et familles et quelques chapelles funéraires plus coûteuses  donnent un élan vers le ciel et s’inscrivent dans la durée.

 

Ce marquage social se retrouve dans l’ordonnance de l’espace, des rues délimitent des quartiers, certains de ceux-ci sont recherchés, par les familles des défunts, au centre, près d’une voie et encore mieux à un carrefour, d’autres délaissés comme près des murs ou loin de l’entrée. Curieusement, la géographie peut évoluer à la suite d’un agrandissement ou d’un événement traumatisant comme une guerre. La qualité de certains monuments funéraires est un message des héritiers adressés à leurs concitoyens : le cimetière est aussi cité pour les vivants. La localisation, la taille et le décor de la sépulture donnent à voir le rang, la richesse, la réussite sociale et les engagements religieux ou philosophiques par des symboles.

 

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Une iconographie attendue

 

 

 

 

 

Le gris presque noir du kersanton, une roche du fond de la rade de Brest, résistante et dont le grain permet des sculptures fines, domine le paysage. Le décor des monuments funéraires répond à des règles originales mais largement partagée. Si les croix sont toujours très présentes, des monuments en sont dépourvus et la colonne brisée marque simplement la fin de la vie. Mais dans la partie ancienne du cimetière, les croix l’emportent largement, signe de l’ancrage très profond du catholicisme dans la région.

 

Dans les recoins des monuments, dans les rocailles ou sur les croix se découvrent des symboles récurrents. Le lierre rappelle l’éternité et l’amour car il reste toujours vert et meurt où il s’est accroché ; des fleurs sont le symbole de la fragilité de la vie ; le serpent écrasé incarne le triomphe de la foi ou de la vérité sur le mal ; l’abeille laborieuse du travail mais aussi des partisans de l’Empire napoléonien, etc. L’évolution récente de la forme des monuments va vers plus de sobriété, de neutralité et d’uniformisation et les monuments sont désormais sculptés dans des pierres plus exotiques et colorées.

 

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