Le pont du XVIIIe au XXe siècle

La cession du droit de péage
La double fonction du pont - voie de passage et pont habité - l’a beaucoup fragilisé et, au milieu du siècle, il menace ruine.
Propriétaire du pont sur lequel il exerce un droit de péage, le seigneur de Rohan doit en contrepartie en réaliser l’entretien. Acculé à d’énormes dépenses de réparation, il abandonne son droit de péage à la Province, en 1764, charge à elle d’entretenir l’ouvrage.
La Province et la communauté de Ville de Landerneau découvrent alors l’étendue des travaux à faire puisque dès 1766, des ingénieurs constatent que « le pont est dans un état critique dans bien des parties ». L’assaut des courants marins ainsi que la multiplication de constructions sur le pont et ses avants becs compromettent la stabilité des piles et voutes des arches.
Le maire de Landerneau Le Gris Duval constate, en 1768, « qu’il est continuellement ébranlé par le passage nécessaire et fréquent des voitures». Le monument est également fragilisé par de nombreux incendies. La Communauté de Ville confirme qu’il « est essentiel pour la Ville, même pour la province que ce pont soit promptement réparé », le cas échéant « l’écroulement pourrait en suivre ». Le montant des travaux étant estimé à 15 000 livres, on renonce à faire ces importantes réparations qui « jetterai(en)t la province dans une dépense considérable ». Seule l’arche Saint-Julien est restaurée en 1770.
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Le pont en danger
Déjà fragilisé aux siècles précédents, présenté ruiné au XVIIIe siècle, le coup de grâce aurait pu lui être apporté au XIXe siècle.
De nombreux incendies
Trois maisons sont détruites lors d’un sinistre, en 1719 ; le feu en détruit encore trois en 1813. Celui de 1825 anéantit le premier étage du vieux moulin et la prison qui lui faisait suite. Des édifices qui s’étendent du quai de Léon à la maison Gillart, il ne reste que le moulin, tronqué d’un étage. Pour la municipalité, malmené par les ans et un usage intensif, le pont renvoie désormais une image surannée. Les élus souhaitent en avoir un neuf, ce que les crédits municipaux ne leur permettent pas d’envisager.
L'intervention de Frimot
Sensible à la protection des monuments, l’ingénieur des Ponts et Chaussées Jacques Frimot tente de montrer aux élus de Landerneau que la modernité n’exclut pas le respect des constructions du passé. Il fait consolider le pont en 1837 au moyen de colonnes de fonte encore présentes aujourd’hui.
Les promesses de l’Empereur
Sous le Second Empire un pont moderne, le futur Pont Impérial, est en construction entre Brest et Recouvrance. Les élus de Landerneau veulent eux aussi leur monument et en font la demande à Napoléon III, lors de son passage dans la ville en 1858. L’empereur apportant déjà 40 000 francs pour l’agrandissement de l’église Saint-Houardon, le projet de reconstruction du pont est vite oublié.
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L'évolution de l'habitat sur le pont au XIXe siècle
Le pont reste prisé au XIXe siècle par les commerçants et les petits artisans mais il n’attire plus en revanche la bourgeoisie qui fuit ce lieu humide, vétuste et bruyant.
L’habitat ancien du pont, transformé en logements collectifs mis en location, est investi par des travailleurs d’usine pour lesquels ce mode d’hébergement est le seul financièrement accessible.
Une exception, de taille, est apportée à ce triste tableau : la construction, en 1904, à l’emplacement du moulin détuit, d’une grande maison de rapport, telle qu’il s’en trouvait dans les grandes villes. Cette vaste construction destinée à une clientèle aisée, élevée par l’entreprise de travaux publics Le Meur, abrite un commerce au rez-de-chaussée et des appartements de belles dimensions et de conception soignée dans les étages.
La disparition du moulin a rompu à jamais l’harmonie des bâtiments anciens sur le pont mais pour la ville de Landerneau, entrée pleinement dans l’ère industrielle, la grande maison à loyer représente un indéniable symbole de modernité.
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D'un pont à l'autre
Le franchissement de la rivière est facilité par la construction de nouveaux ponts au XXe siècle.
De la passerelle des Allemands au Pont de Caernarfon
La construction du pont Albert Louppe en 1930, à Brest, permet d’améliorer le passage entre le Léon et la Cornouaille, en désengorgeant le pont de Landerneau.
Pendant la deuxième Guerre Mondiale, l’occupant allemand construit un pont en bois, en 1941, pour relier les deux rives. À l’été 1944, les Allemands quittent Landerneau, laissant derrière eux cette passerelle. Détruite par la municipalité, elle est remplacée par le pont de Caernarfon en 1957, oeuvre de l’architecte Gaston Chabal et baptisée du nom de la ville galloise jumelée avec Landerneau.
Le pont levant de Hünfeld
Un nouvel ouvrage est construit pour désengorger le trafic routier du centre-ville en 1987. Communément appelé " pont levant" ou encore "pont mobile sur l'Elorn", il n'est baptisé qu'en 1993 à l'occasion du 25e anniversaire du jumelage, date à laquelle il prend le nom de la ville allemande de Hünfeld, jumelée avec Landerneau. Débouchant sur l'avenue Jean Monnet (fondateur de l'union européenne) qui conduit elle-même sur le pont de l'Europe, il devient ainsi un symbole de fraternité entre les deux villes.
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