Evolution des manières de bâtir

La construction à l'ère industrielle

Profondément inspiré par l’œuvre du grand architecte Viollet-Le-Duc (1814-1879), dont l’influence était immense en France et en Europe, Jules Le Meur conçoit des constructions marquées par la rationalité, privilégiant l’optimisation des espaces et de la circulation. L’apparat vient magnifier cet ordre nécessaire à des commanditaires soucieux de leur bien-être quotidien et souhaitant s’ancrer pleinement dans la modernité.

Landerneau est une ville très prospère et les belles demeures de maîtres s’élèvent sur les nouveaux axes stratégiques de la cité. Pour ceux qui ne peuvent pas bâtir de nouvelles habitations, l’entreprise réalise des rénovations et des surélévations de constructions anciennes, repérables aux lucarnes, toutes différentes.

 

 

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L'époque Art Nouveau - Art Déco

L’Art Nouveau, apparu à la fin du 19e s, se caractérise en architecture par son inventivité, le rythme, les couleurs, l’ornementation imaginative, il se développe aussi bien sur les façades que dans les intérieurs. Avant la Première Guerre mondiale, le mouvement évolue vers un style plus géométrique qui devient caractéristique du mouvement artistique qui prend alors la relève, l’Art Déco (1920-1940).

Les constructions Le Meur de cette période s’inspirent volontiers des traditions architecturales historiques et régionales (néo-gothique, néo-renaissance, néo-normand…), se rattacher à l’histoire permet de créer un rempart esthétique protecteur face à une société technicienne en constante évolution.

Les faîtages délaissent les massifs toits à la Mansard du 19e  pour de délicates toitures à croupes ou à pans coupés terminées par des épis de faîtage élancés, les baies semi circulaires sont ourlées de briquettes ou de céramiques ; placées souvent de façon asymétrique, elles marquent le style de l’entreprise.

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La maison du Pont

La grande maison à loyer édifiée en 1904 sur le pont de Rohan, à l’emplacement de l’ancien moulin Renaissance, est une réponse solennelle au manoir des Rohan du 17e siècle qui la jouxte. L’allure du pont a été radicalement métamorphosée par la construction de cette vaste bâtisse en moellons enduits avec chaînes d’angles en kersanton, réalisée pour le commerce et la location.

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Les enduits Le Meur

L’entreprise Le Meur met au point un enduit plein au ciment, parfois de couleur rose, notamment pour les villas balnéaires, composé suivant le procédé de la fluatation (cristallisation de fluosilicates). Un faux appareil régulier est ensuite tracé sur les façades pour les uniformiser. Bien plus qu’une simple ornementation, cette technique permet d’imperméabiliser et d’isoler les murs. L’enduit, qui est appliqué sur un appareil de moellons, témoigne du progrès économique et social de l’art de bâtir.

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Les aménagements intérieurs

Si les styles s’entremêlent dans l’œuvre du constructeur suivant les ambitions du maître d’ouvrage, le souci du confort propre au 19e s reste omniprésent, les plans des constructions assurent une circulation fluide et s’adaptent aux activités industrielles ou commerciales des propriétaires en privilégiant les pièces de réception, les bureaux, où les belles boiseries propres à l’entreprise Le Meur créent un univers parfois baroque mais toujours chaleureux.

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Les années de guerre

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise Le Meur ne dispose plus que de trois ouvriers (les effectifs antérieurs ne sont pas connus), dont un infirme. Elle est réquisitionnée par la Standort-Kommandantur pour effectuer différents travaux, tout en collaborant activement à la Résistance dans le pays de Landerneau, sous le couvert de réunions de chantier place Saint-Thomas, avec les industriel Gayet et Radenac.

 

Les moyens limités de l’époque en personnel et matériaux de construction, l’urgence aussi de bâtir vite pour reloger les exilés brestois, amène l’établissement à produire des constructions plus épurées où les ornements disparaissent, les fameuses lucarnes à croupes restent cependant toujours le signe distinctif de l’entreprise. En 1947, la SARL est administrée par Henri Le Meur (né en 1886), avec Albert et Emile comme associés, elle emploie une dizaine d’ouvriers. L’établissement ferme ses portes en 1956, faute de repreneur familial.

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