Les enseignants

Un ancien militaire à l'école mutuelle

 

Au début du XIXe siècle, nul besoin de diplôme pour pouvoir enseigner. Une simple autorisation suffit. Jean-Baptiste Tourrette est ainsi nommé directeur et instituteur de l’école mutuelle de Landerneau. Né le 7 novembre 1772 dans la Drôme, il commence à enseigner à l’âge de 47 ans après avoir mené une carrière militaire. Une lettre du sous-préfet de Brest adressée au maire de Landerneau en date du 28 février 1820 recommande Monsieur Tourrette aux fondateurs de l’école :

 « Le Sieur Tourrette, capitaine d’artillerie de marine en retraite et membre de la légion d’honneur ayant une nombreuse famille, offre ses services à la commune de Landerneau pour la direction de son école mutuelle […]. Je n’ai recueilli que de bons témoignages sur la conduite et la moralité du Sieur Tourette ».

 

Max Radiguet nous livre le portrait de ce professeur, renommé Monsieur Toupinel, dans son ouvrage L’école de Monsieur Toupinel :

 

« M. Toupinel était de moyenne taille, maigre, nerveux, agile, sec comme du bois. La vie de bivouac, dont à cette époque on ne songeait guère à mitiger les rigueurs, avait rouillé sa peau. Autour de son crâne dévasté, des cheveux floches presque blancs, qu’il ramenait de l’occiput vers les tempes, affolés au moindre souffle d’air, se rebellaient et s’éparpillaient en désordre. Ses yeux fatigués s’abritaient derrière des lunettes à monture d’argent. Les traits caractéristiques de son visage étaient un nez un peu long, pointu, légèrement arqué, mais horizontal à la base, et une bouche aux lèvres minces, aux coins baissés, presque toujours entr’ouverte. On en voyait sortir un petit bout de langue dès qu’il s’appliquait à un travail quelconque. Ce nez et cette bouche qui lui donnaient une physionomie d’oiseau haletant et légèrement agacé, mais pourtant d’oiseau débonnaire, auraient dérouté les observations de Lavater sur les nez pointus et les lèvres minces, car M. Toupinel était le plus inoffensif des mortels. »

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Une Landernéenne institutrice

 

Anastasie CORVE est née à Landerneau le 5 juin 1865. Elle grandit dans une famille nombreuse peu fortunée (son père est aide-meunier), obligeant ses parents à la placer dans une autre famille vers 1875. Une chance ! Sa nouvelle famille lui permet d’aller à l’école, d’apprendre le français qu’elle ne parle pas jusque-là, et de poursuivre ses études jusqu’à l’obtention du « brevet de capacité pour l’enseignement primaire » en 1884. Devenue Madame Le Hénaff en 1898, elle a enseigné durant 40 ans aux écoliers de la commune de Loc-Eguiner-Ploudiry, située à 15 kilomètres de sa ville natale, partageant son temps entre l’école et le secrétariat de mairie.

 

Anastasie CORVE fait partie des premières femmes à obtenir ce certificat dans le département. Ces formations d’instituteurs et d’institutrices font suite aux lois Ferry sur l’école. En application de l’article 1er de la loi du 16 juin 1881, « nul ne peut exercer les fonctions d’instituteur ou d’institutrice titulaire, d’instituteur-adjoint chargé d’une classe ou d’institutrice-adjointe chargée d’une classe, dans une école publique ou libre, sans être pourvu du brevet de capacité pour l’enseignement primaire ».

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