Août 1944
La ville de Landerneau est libérée
Occupée dès le 19 juin 1940, la ville est presque épargnée par les bombardements, malgré sa proximité avec Brest. Elle souffre cependant des réquisitions imposées par les Allemands, qu’elles soient humaines, économiques, alimentaires ou matérielles. Les cantonnements, les privations et les rationnements sont le quotidien des Landernéens.
En secret, la Résistance s’organise. Déjà, le maire, Jean-Louis Rolland, affiche ses convictions, en s’opposant en juillet 1940 au vote des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Des groupes de résistance naissent dans la Ville : le Groupe d’action direct « Lambert », le groupe local de l’Organisation de Résistance de l’Armée (O.R.A.), entre autres. Les actes de sabotage, notamment sur les voies de chemin de fer se multiplient au cours de l’année 1943. Les faits de résistance sont violemment réprimés. De nombreux Landernéens y perdent la vie, assassinés ou envoyés dans des camps de concentration.
Landerneau est libéré entre le 8 et le 10 août 1944.
La libération jour par jour
Les archives de la ville conservent le discours de la commémoration de la libération de la ville en 1948, qui relate les évènements des derniers jours d’occupation (cote 3 K).
"Vendredi 4 août – Depuis quelques jours, la débâcle allemande est commencée, même dans le Finistère. La résistance se montre en plein jour. Un parachutage d’armes a été annoncé par la BBC : « Uranie n’est pas jolie » et 12 soldats français sont effectivement parachutés dans une vallée voisine de Daoulas.
Samedi 5 août – La Wermarcht reflue vers Brest. Camions, tanks, charrettes réquisitionnées … traversent notre ville, survolées par l’aviation américaine… le travail cesse dans nos principaux établissements. Les patronages renvoient les enfants, ferment leurs portes …
Les parachutistes du FFL, guidés par nos FFI atteignent Daoulas et le câble téléphonique reliant Landerneau à Quimper est coupé à Saint Urbain.
La situation devient tendue – Les autorités françaises prêchent la sagesse et le calme.
Dimanche 6 août – La Kommandantur et la Wermarcht ont quitté, abandonnant leurs locaux et provisions. Désormais c’est le général Ramke et ses parachutistes qui imposent l’état de siège. Beaucoup de familles quittent la ville ; les allemands interdisent de publier l’avis du maire à ce sujet.
Le soir, un communiqué prématuré de la BBC « Prise de Brest par l’armée américaine » provoque le sortie de foules en liesse. L’occupant mécontent menace de canonner la ville. En cette situation critique, le maire intervient pour l’apaisement.
Lundi 7 août – Des troupes allemandes, harassées, continuent à traverser la ville… La population est consignée, tous volets clos jusqu’à 7 heures. Sur le quai, face au commissariat, un tank est posté ; des canons et des mitrailleuses gardent les carrefours. Les allemands se livrent au pillage … Tandis que les américains circulent au nord, sur les routes de Plounéventer à Saint Éloi.
Mardi 8 août – Toujours des soldats allemands menaçants… qui pillent et font la rafle des vélos. Toute circulation est pratiquement interdite, même aux agents de la défense passive.
Le nombre des occupants se réduit cependant.
Mercredi 9 août – Les allemands ont défendu de sortir jusqu’à 11 heures. En fait, ils ont disparu à partir de 9 heures. Il n’y a plus d’allemands à Landerneau. C’est la libération.
8 avions français tournent au-dessus de la ville. Le crieur publie un avis de la mairie sur l’interdiction du pillage des installations allemandes.
À 19h30, tandis que 23 forteresses volantes sillonnent le ciel, une patrouille française (11 soldats commandés par un lieutenant et 4 landernéens de la résistance) prennent possession de la ville. Venus en camionnette, ils ne voient qu’une auto et une moto allemandes hasardant un retour jusqu’à l’Office Central.
À 20h30, le commissariat de police est occupé par des résistants dont les chefs établissent leur quartier général à l’usine Javel.
Dans la nuit, passage d’une colonne allemande, 300 hommes environ, allant de Sizun à Brest.
Jeudi 10 Août – Les patriotes F.F.I occupent la caserne … leurs autos circulent…
Vers 10 heures arrivent les premiers soldats alliés ; 1 anglais et quelques américains dans une Jeep.
Un groupe de 15 allemands tente un retour offensif, de Brest vers Quimper. Ils sont arrêtés sur le pont en bois et refoulés après accrochage dans l’allée de Penanrue. Un caporal parachutiste et un F.F.I sont tués – deux allemands prisonniers sont ramenés à l’usine Javel.
Le soir, un petit convoi américain passe, allant vers Lesneven.
Vendredi 11 – Samedi 12 août 1944 – À 11 heures, la résistance s’installe à la Mairie, en prévision de la réception des alliés.
Et effectivement, un contingent américain est là le samedi 12 août, avant 16 heures. On pavoise aux drapeaux alliés jusqu’au haut des clochers. Un officier français et un officier américain saluent à la fenêtre de l’Hôtel de ville. La foule chante la Marseillaise. Pendant 20 minutes, les cloches sonnent à toute volée. La population se livre à une joie délirante ……
Telles furent, en bref, les journées dont nous voulons perpétuer le souvenir."
Libérée de l’occupation allemande, la ville de Landerneau reprend vie.
Discours de la commémoration de la Libération de la ville (août 1948)
Collecte de documents
En février dernier, la ville de Landerneau et l’association Dourdon s’associaient pour collecter des documents relatifs à la seconde Guerre mondiale et à la Libération (lien vers le diaporama de présentation), précédent de quelques jours le lancement de la grande collecte nationale lancée par le Président de la République dans le cadre du 80ème anniversaire de la Libération : « ces documents originaux sont des sources précieuses de notre Histoire nationale. Les archives familiales et privées renouvellent notre récit des événements, offrent une lecture plus intime, au plus proche de la vie quotidienne des acteurs et témoins de la Libération. En remettant vos documents personnels aux services publics des archives,vous les transmettrez aux générations futures. Ils seront pris en charge par des professionnels pour être mis à la disposition de toutes les Françaises et Français et être valorisés dans le cadre d’expositions, de travaux de recherche historiques ou d’actions culturelles et pédagogiques. »
Nous remercions les personnes présentes qui ont partagé leurs souvenirs et celles qui ont fait des dons de documents, permettant d’enrichir l’histoire de la ville.
Il est toujours possible de prendre contact avec le service Culture pour déposer des documents (culture@mairie-landerneau.fr).
Arrivée des américains à proximité de Landerneau (La Roche-Maurice)
1 NUM 146_06, collection particulière
Carte de réfugié
1 NUM 150_10, collection particulière
Pour en savoir plus
- Archives municipales Landerneau :
3 K Protocole, commémorations
- Landerneau 1939-1945, Alan Picquet, Mémoire de maitrise, 1996 (consultable aux archives)
- La Libération de Landerneau, Cahier de Dourdon n° 19, (août 2024)